Les Langues étrangères (Septembre 2012)

Vivarium Tremens - Bruxelles


Article de Maureen Dervaux sur "Les langues étrangères"
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 26/04/2013

 

Les Langues étrangères est le nouveau spectacle mis en scène par François de Saint-Georges. Il se joue dans la grande salle du Manège. François de Saint-Georges travaille avec la compagnie Vivarium Tremens et, ensemble, ils proposent une pièce qui lie les arts de la scène. Le théâtre, le chant, la musique et le cirque s'y côtoient dans un équilibre impeccable.

Dans Les Langues étrangères, le public entre par la scène et les comédiens par la salle. Le ton décalé de la pièce est donné d'emblée. La multitude de personnages qui se côtoient sur les planches, dans un décor particulièrement poétique, ne fait que le confirmer. D'origines très éparses - russes, arabes, allemands, francophones -, ils sont tous rassemblés pour un grand
événement. La compositrice Diana Arenski leur présente, ce soir, sa toute dernière création.
Tous ces personnages disparates ont leur petit grain de folie avec eux. Ils ne sont pas spécialement proches les uns des autres. Ils sont associés uniquement par le travail, ou des personnes aux liens familiaux tendus ou encore parfaits inconnus. Toutes ces particularités donnent à l'histoire un effet assez décousu. Le seul élément qui rassemble tous les personnages et qui donne une ligne de conduite au récit, c'est la musique. Cette dernière est partout et tout le temps sur scène. Elle se retrouve dans les sonorités exotiques produites par les langues étrangères et se fait entendre jusqu'au concerto final. Elle prend le pas sur l'histoire jusqu'à la dernière demi-heure où elle est toute entière sur la scène. Elle se joue sur un visuel tout aussi poétique que le reste mais malheureusement, elle s'étire trop longuement dans le temps.

Au delà de la musique, ce spectacle s'attache aussi à la difficulté de dire, à l'impossibilité de communiquer. Et ce, non seulement à cause des barrières de la langue, mais également à cause des frontières psychologiques que les êtres s'infligent à eux-mêmes. Et lorsqu'il est possible de se livrer, encore faut-il trouver un interlocuteur à l'oreille attentive et prêt à tendre la main. Que faire quand la vie perd son sens ? À qui parler ? La pièce vous pose la question.
Ces difficultés, ainsi que le malaise de la compositrice à dévoiler pour la première fois son dernier morceau, sont illustrés par deux personnages. Un funambule/fildefériste, le frère de Diana Arenski, accompagné d'une amie, clown sans le nez rouge et les grandes chaussures, exécutent leurs numéros tout en poésie. Dansant, se baladant, s'allongeant sur son fil de fer, le funambule explore les risques de se livrer tout entier à un art.
À ses côtés, sa compagne exprime la folie qui peut ressortir d'un tel dévouement. Ensemble, ils illustrent les peurs de cette compositrice qui dit au revoir à la carrière de toute une vie."